C'est le tango des bouchers de la Villette
C'est le tango des tueurs des abattoirs
Venez cueillir la fraise et l'amourette
Et boire du sang avant qu'il soit tout noir
Faut qu' ça saigne
Faut qu' les gens ayent à bouffer
Faut qu' les gros puissent se goinfrer
Faut qu' les petits puissent engraisser
Faut qu' ça saigne
Faut qu' les mandataires aux Halles
Puissent s'en fourer plein la dalle
Du filet à huit cent balles
Faut qu' ça saigne
Faut qu' les peaux se fassent tanner
Faut qu' les pieds se fassent paner
Que les têtes aillent mariner
Faut qu' ça saigne
Faut avaler d' la barbaque
Pour êt'e bien gras quand on claque
Et nourrir des vers comaques
Faut qu' ça saigne
Bien fort
C'est le tango des joyeux militaires
Des gais vainqueurs de partout et d'ailleurs
C'est le tango des fameux va-t-en guerre
C'est le tango de tous les fossoyeurs
Faut qu' ça saigne
Appuie sur la baïonnette
Faut qu' ça rentre ou bien qu' ça pète
Sinon t'auras une grosse tête
Faut qu' ça saigne
Démolis en quelques-uns
Tant pis si c'est des cousins
Fais-leur sortir le raisin
Faut qu' ça saigne
Si c'est pas toi qui les crèves
Les copains prendront la r'lève
Et tu joueras la Vie brève
Faut qu' ça saigne
Demain ça sera ton tour
Demain ça sera ton jour
Pus d' bonhomme et pus d'amour
Tiens ! Voilà du boudin ! Voilà du boudin !
Voilà du boudin !
Explication des paroles de Les joyeux bouchers de Boris Vian
« Les joyeux bouchers » est une chanson satirique de Boris Vian qui critique de manière humoristique et ironique la société de consommation et la violence quotidienne. Elle a été écrite dans les années 1950, une période marquée par l’essor du consumérisme et la montée en puissance de la culture de masse. L’anecdote autour de cette chanson est que Boris Vian était un artiste engagé qui utilisait la satire pour dénoncer les travers de son époque. À travers des paroles décalées et une mélodie entraînante, il pointe du doigt la banalisation de la violence et la désensibilisation des individus. En conclusion, « Les joyeux bouchers » est une chanson emblématique de l’œuvre engagée et subversive de Boris Vian, qui invite à la réflexion sur notre rapport à la consommation et à la violence.